Les traders de la nuit surveillent un événement imminent : la Banque centrale du Japon annoncera une hausse des taux d'intérêt dans quelques heures, avec une probabilité de 99,8 %. Cela semble être une petite hausse de 0,25 %, mais que signifie-t-elle réellement ? La source de financement la plus bon marché au monde va bientôt se fermer. La victime la plus directe ? Le marché du Bitcoin, qui fonctionne 24h/24.

Voici une stratégie financière rarement évoquée mais cruciale — depuis des années, les grands capitaux internationaux jouent à un jeu : emprunter des yens au Japon à coût quasi nul, les convertir en dollars, puis investir dans les actions américaines, les obligations américaines, ou encore les cryptomonnaies, ces actifs à haut risque et à haut rendement. Cette opération fournit en continu de la liquidité aux marchés mondiaux, en particulier dans l’univers des cryptos. Ce soir, cette veine invisible va être comprimée.

Lorsque le coût du crédit s’envole soudainement et que le yen commence à s’apprécier, que deviennent les bitcoins achetés avec des yens empruntés ? La réponse la plus probable est la vente pour rembourser la dette en cash. L’histoire nous donne un aperçu : en 2022, lors de la dernière hausse de taux de la Fed, le prix du Bitcoin a été réduit de 67 % en quelques mois. Le centre de cette tempête s’est déplacé de New York à Tokyo.

L’enjeu réside dans cette chaîne de capitaux qui relie Tokyo à chaque blockchain mondiale. Le Japon pratique depuis longtemps des taux proches de zéro, voire négatifs, devenant ainsi une "machine à sous à faible coût" pour les institutions financières mondiales. Des flux continus de capitaux en sortent, cherchant des rendements plus élevés à travers le monde. Le Bitcoin est précisément devenu une pièce maîtresse de ces positions "levier yen". Si la structure des coûts s’inverse, une réaction en chaîne est inévitable.