Le 15 décembre, le Bitcoin est passé de 90 000 dollars à 85 616 dollars, avec une chute de plus de 5 % en une seule journée.
Ce jour-là, il n’y a pas eu de faillites majeures ni d’événements négatifs, et les données on-chain ne montrent pas de pression de vente anormale. Si vous ne regardez que les actualités du secteur crypto, il est difficile de trouver une raison « crédible ».
Mais le même jour, le prix de l’or était de 4 323 dollars/once, en baisse de seulement 1 dollar par rapport à la veille.
Une chute de 5 %, et l’autre presque pas bougé.
Si le Bitcoin est vraiment « l’or numérique », un outil de couverture contre l’inflation et la dépréciation des monnaies fiat, alors sa performance face à un événement risqué devrait ressembler davantage à celle de l’or. Mais cette fois, son comportement ressemble clairement plus à celui des valeurs technologiques à forte Beta du Nasdaq.
Qu’est-ce qui motive cette chute ? La réponse pourrait bien se trouver à Tokyo.
Effet papillon à Tokyo
Le 19 décembre, la Banque du Japon tiendra une réunion de politique monétaire. Le marché anticipe une hausse de 25 points de base, portant le taux directeur de 0,5 % à 0,75 %.
0,75 % peut sembler peu, mais c’est le taux le plus élevé au Japon depuis près de 30 ans. Sur des marchés de prévision comme Polymarket, la probabilité de cette hausse est cotée à 98 %.
Pourquoi une décision d’une banque centrale située à Tokyo peut-elle faire chuter le Bitcoin de 5 % en 48 heures ?
Il faut parler d’un phénomène appelé « arbitrage du yen ».
Le raisonnement est simple :
Les taux d’intérêt au Japon étant proches de zéro, voire négatifs, emprunter en yen coûte presque rien. Les hedge funds, gestionnaires d’actifs et traders du monde entier empruntent massivement en yen, le convertissent en dollars, puis achètent des actifs à rendement plus élevé — obligations américaines, actions américaines, crypto-monnaies, peu importe.
Tant que le rendement de ces actifs dépasse le coût de l’emprunt en yen, la différence de taux devient un profit.
Ce stratagème existe depuis des décennies, à une échelle difficile à quantifier précisément. Une estimation prudente parle de plusieurs centaines de milliards de dollars, et si l’on inclut les produits dérivés, certains analystes avancent même plusieurs dizaines de trillions.
Par ailleurs, le Japon a une position particulière :
Il détient la plus grande réserve de dette américaine à l’étranger, avec 1,18 trillion de dollars en bons du Trésor US.
Cela signifie que tout changement dans la circulation des capitaux japonais influence directement le marché obligataire mondial, et par extension, la valorisation de tous les actifs risqués.
Aujourd’hui, la décision de la Banque du Japon d’augmenter ses taux remet en question cette mécanique.
Premièrement, le coût d’emprunt en yen augmente, réduisant l’arbitrage ; deuxièmement, la hausse des taux attendue pourrait faire apprécier le yen, alors que ces institutions ont initialement emprunté en yen pour investir en dollars ;
Maintenant, pour rembourser leurs dettes, elles doivent vendre leurs actifs en dollars pour acheter des yens. Plus le yen monte, plus elles doivent liquider d’actifs.
Ce « forced selling » ne choisit pas le moment ni le type d’actifs. Ce qui est le plus liquide et le plus facile à convertir en cash sera vendu en premier.
Il est donc facile de comprendre que le Bitcoin, qui se négocie 24h/24 sans limite de variation, avec une profondeur de marché plus faible que celle des actions, est souvent le premier à subir la pression de vente.
En regardant la chronologie des hausses de taux de la Banque du Japon ces dernières années, cette hypothèse est confirmée par les données :
La dernière fois, c’était le 31 juillet 2024. Après l’annonce d’une hausse à 0,25 %, le yen a chuté de 160 à moins de 140 contre le dollar, et le Bitcoin est passé de 65 000 dollars à 50 000 dollars en une semaine, soit une baisse d’environ 23 %, effaçant 600 milliards de dollars de capitalisation.
Selon plusieurs analystes on-chain, après trois hausses de taux de la Banque du Japon, le Bitcoin a toujours connu une correction supérieure à 20 %.
Les points précis de début et de fin, ainsi que la fenêtre temporelle, varient, mais la direction est très cohérente :
À chaque resserrement monétaire japonais, le Bitcoin est la zone la plus touchée.
Ainsi, l’auteur pense que ce qui s’est passé le 15 décembre est essentiellement une « fuite en avant » du marché. Avant même l’annonce officielle du 19, les capitaux ont commencé à se retirer.
Ce jour-là, les flux nets sortants des ETF Bitcoin américains ont atteint 3,57 milliards de dollars, le plus gros en deux semaines ; en 24 heures, plus de 6 milliards de dollars de positions longues à effet de levier ont été liquidés.
Il ne s’agit probablement pas d’une panique des petits investisseurs, mais d’une réaction en chaîne de dénouement de positions d’arbitrage.
Le Bitcoin est-il toujours l’or numérique ?
Nous avons expliqué le mécanisme de l’arbitrage du yen plus haut, mais il reste une question sans réponse :
Pourquoi le Bitcoin est-il toujours le premier à être vendu en cas de tension ?
Une explication courante est que le BTC « bénéficie d’une bonne liquidité et se négocie 24h/24 », ce qui est vrai, mais ce n’est pas suffisant.
La vraie raison est que, au cours des deux dernières années, le Bitcoin a été revalorisé : il n’est plus considéré comme un « actif alternatif » indépendant des marchés traditionnels, mais intégré dans la gestion des risques de Wall Street.
En janvier dernier, la SEC américaine a approuvé le premier ETF Bitcoin spot. C’est une étape clé après dix ans d’attente dans l’industrie crypto, permettant à des géants de la gestion d’actifs comme BlackRock ou Fidelity d’intégrer légalement le BTC dans les portefeuilles de leurs clients.
Les flux de capitaux ont effectivement commencé. Mais cela a aussi changé la perception du Bitcoin : ses détenteurs ont évolué.
Autrefois, ce sont des acteurs natifs du secteur crypto, des petits investisseurs ou des family offices plus ou moins radicaux qui achetaient du BTC.
Aujourd’hui, ce sont des fonds de pension, des fonds de couverture et des modèles d’allocation d’actifs. Ces institutions détiennent aussi des actions, des obligations et de l’or, en gérant leur « risque global ».
Lorsque leur portefeuille doit réduire son exposition au risque, ils ne vendent pas uniquement du BTC ou des actions, mais réduisent proportionnellement toutes leurs positions.
Les données montrent cette relation de corrélation.
Au début de 2025, la corrélation sur 30 jours entre le Bitcoin et le Nasdaq 100 a atteint 0,80, son niveau le plus haut depuis 2022. En comparaison, avant 2020, cette corrélation oscillait entre -0,2 et 0,2, ce qui la rendait quasiment insignifiante.
Ce qui est encore plus remarquable, c’est que cette corrélation augmente nettement en période de stress du marché.
En mars 2020, lors du krach lié à la pandémie, en 2022 lors de la hausse agressive des taux par la Fed, ou début 2025 avec les inquiétudes sur les droits de douane… chaque fois que l’aversion au risque monte, la relation entre Bitcoin et actions américaines se resserre.
Les institutions, en période de panique, ne font pas la différence entre « crypto-actifs » et « valeurs technologiques » : elles ne voient qu’un seul label : risque.
Cela soulève une question embarrassante : la narration de l’or numérique tient-elle encore ?
Si l’on regarde sur le long terme, l’or a gagné plus de 60 % depuis 2025, ce qui en fait la meilleure année depuis 1979 ; le Bitcoin, lui, a reculé de plus de 30 % depuis son sommet.
Les deux sont considérés comme des actifs de couverture contre l’inflation et la dépréciation des monnaies, mais dans un même environnement macroéconomique, ils ont évolué en courbes totalement opposées.
Cela ne signifie pas que la valeur à long terme du Bitcoin est en doute, son rendement annuel composé sur cinq ans reste largement supérieur à celui du S&P 500 et du Nasdaq.
Mais dans le contexte actuel, sa logique de valorisation à court terme a changé : c’est un actif à forte volatilité, à forte Beta, et non un outil de couverture.
Comprendre cela permet de saisir pourquoi une hausse de 25 points de base de la Banque du Japon peut faire chuter le Bitcoin de plusieurs milliers de dollars en 48 heures.
Ce n’est pas parce que les investisseurs japonais vendent du BTC, mais parce que, lors d’un resserrement global de la liquidité, les institutions réduisent toutes leurs expositions au risque selon la même logique, et le Bitcoin, étant la composante la plus volatile et la plus liquide de cette chaîne, en subit l’impact.
Que va-t-il se passer le 19 décembre ?
Au moment où j’écris ces lignes, il reste deux jours avant la réunion de la Banque du Japon.
Le marché a déjà intégré la hausse de taux comme un fait acquis. Le rendement des obligations japonaises à 10 ans est monté à 1,95 %, son plus haut depuis 18 ans. En d’autres termes, le marché obligataire a déjà anticipé le resserrement.
Si la hausse est pleinement intégrée, y aura-t-il encore un impact le 19 ?
L’expérience montre que oui, mais l’intensité dépendra du ton employé.
L’impact d’une décision de la banque centrale ne se limite jamais aux chiffres, mais aussi aux signaux qu’elle envoie. Même hausse de 25 points de base, si le gouverneur Ueda de la BoJ dit lors de la conférence de presse « qu’il évaluera prudemment en fonction des données », le marché respirera.
Mais si elle indique que « la pression inflationniste persiste, et qu’une nouvelle hausse n’est pas exclue », cela pourrait déclencher une nouvelle vague de ventes.
L’inflation au Japon tourne autour de 3 %, au-dessus de l’objectif de 2 % de la BoJ. Le marché craint que cette hausse ne soit qu’un début, et que le pays ne s’engage dans un cycle de resserrement prolongé.
Si c’est le cas, la rupture de l’arbitrage du yen ne sera pas un événement ponctuel, mais un processus qui durera plusieurs mois.
Cependant, certains analystes pensent que cette fois pourrait être différente.
Premièrement, les fonds spéculatifs ont déjà changé leur position sur le yen, passant d’une position nette vendeuse à une position nette acheteuse. La chute brutale de juillet 2024 a été en partie due à une réaction de panique, car beaucoup de capitaux étaient encore en position short sur le yen. Aujourd’hui, la tendance est inversée, et la possibilité d’une appréciation inattendue est limitée.
Deuxièmement, les rendements des obligations japonaises ont augmenté depuis plus de six mois, passant de 1,1 % au début de l’année à près de 2 % aujourd’hui. En quelque sorte, le marché a déjà « augmenté ses taux » lui-même, la BoJ ne faisant que reconnaître cette réalité.
Troisièmement, la Fed a récemment réduit ses taux de 25 points de base, et la tendance globale de la liquidité mondiale reste à l’assouplissement. La politique japonaise, en revanche, se resserre, mais si la liquidité en dollars est suffisante, cela pourrait en partie compenser la pression sur le yen.
Ces facteurs ne garantissent pas que le Bitcoin ne chutera pas, mais ils suggèrent que la chute pourrait être moins violente qu’auparavant.
D’après l’historique des hausses de taux de la BoJ, le Bitcoin touche généralement son point bas une à deux semaines après la décision, puis se stabilise ou rebondit. Si cette règle se vérifie, la fin décembre ou début janvier pourrait être la période la plus volatile, mais aussi une opportunité de repositionnement après une correction excessive.
Que va-t-il se passer le 19 décembre ?
En rédigeant cet article, il reste deux jours avant la réunion de la Banque du Japon.
Le marché a déjà intégré la hausse de taux comme un fait accompli. Le rendement des obligations japonaises à 10 ans a atteint 1,95 %, son plus haut depuis 18 ans. En d’autres termes, le marché obligataire a déjà anticipé le resserrement.
Si la hausse est pleinement anticipée, y aura-t-il encore un choc le 19 ?
L’expérience montre que oui, mais l’intensité dépendra du ton employé.
L’impact d’une décision de la banque centrale ne se limite jamais aux chiffres, mais aussi aux signaux qu’elle envoie. Même hausse de 25 points de base, si le gouverneur Ueda de la BoJ dit lors de la conférence de presse « qu’il évaluera prudemment en fonction des données », le marché respirera.
Mais si elle indique que « la pression inflationniste persiste, et qu’une nouvelle hausse n’est pas exclue », cela pourrait déclencher une nouvelle vague de ventes.
L’inflation au Japon tourne autour de 3 %, au-dessus de l’objectif de 2 % de la BoJ. Le marché craint que cette hausse ne soit qu’un début, et que le pays ne s’engage dans un cycle de resserrement prolongé.
Si c’est le cas, la rupture de l’arbitrage du yen ne sera pas un événement ponctuel, mais un processus qui durera plusieurs mois.
Cependant, certains analystes pensent que cette fois pourrait être différente.
Premièrement, les fonds spéculatifs ont déjà changé leur position sur le yen, passant d’une position nette vendeuse à une position nette acheteuse. La chute brutale de juillet 2024 a été en partie due à une réaction de panique, car beaucoup de capitaux étaient encore en position short sur le yen. Aujourd’hui, la tendance est inversée, et la possibilité d’une appréciation inattendue est limitée.
Deuxièmement, les rendements des obligations japonaises ont augmenté depuis plus de six mois, passant de 1,1 % au début de l’année à près de 2 % aujourd’hui. En quelque sorte, le marché a déjà « augmenté ses taux » lui-même, la BoJ ne faisant que reconnaître cette réalité.
Troisièmement, la Fed a récemment réduit ses taux de 25 points de base, et la tendance globale de la liquidité mondiale reste à l’assouplissement. La politique japonaise, en revanche, se resserre, mais si la liquidité en dollars est suffisante, cela pourrait en partie compenser la pression sur le yen.
Ces facteurs ne garantissent pas que le Bitcoin ne chutera pas, mais ils suggèrent que la chute pourrait être moins violente qu’auparavant.
D’après l’historique des hausses de taux de la BoJ, le Bitcoin touche généralement son point bas une à deux semaines après la décision, puis se stabilise ou rebondit. Si cette règle se vérifie, la fin décembre ou début janvier pourrait être la période la plus volatile, mais aussi une opportunité de repositionnement après une correction excessive.
(Le contenu ci-dessus est une extraction et une republication autorisées en partenariat avec PANews, lien original | Source : Deep潮 TechFlow)
Avertissement : Cet article a pour seul but de fournir des informations de marché. Tout contenu et toute opinion sont donnés à titre indicatif, ne constituent pas une recommandation d’investissement, et ne reflètent pas la position ou l’avis de Zone. Les investisseurs doivent prendre leurs propres décisions et assumer les risques liés à leurs transactions. L’auteur et Zone ne seront responsables d’aucune perte directe ou indirecte résultant de ces décisions.
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Pourquoi la faucille de la hausse des taux de la Banque centrale du Japon s'abat-elle d'abord sur le Bitcoin ?
Auteur : David, Deep潮 TechFlow
Le 15 décembre, le Bitcoin est passé de 90 000 dollars à 85 616 dollars, avec une chute de plus de 5 % en une seule journée.
Ce jour-là, il n’y a pas eu de faillites majeures ni d’événements négatifs, et les données on-chain ne montrent pas de pression de vente anormale. Si vous ne regardez que les actualités du secteur crypto, il est difficile de trouver une raison « crédible ».
Mais le même jour, le prix de l’or était de 4 323 dollars/once, en baisse de seulement 1 dollar par rapport à la veille.
Une chute de 5 %, et l’autre presque pas bougé.
Si le Bitcoin est vraiment « l’or numérique », un outil de couverture contre l’inflation et la dépréciation des monnaies fiat, alors sa performance face à un événement risqué devrait ressembler davantage à celle de l’or. Mais cette fois, son comportement ressemble clairement plus à celui des valeurs technologiques à forte Beta du Nasdaq.
Qu’est-ce qui motive cette chute ? La réponse pourrait bien se trouver à Tokyo.
Effet papillon à Tokyo
Le 19 décembre, la Banque du Japon tiendra une réunion de politique monétaire. Le marché anticipe une hausse de 25 points de base, portant le taux directeur de 0,5 % à 0,75 %.
0,75 % peut sembler peu, mais c’est le taux le plus élevé au Japon depuis près de 30 ans. Sur des marchés de prévision comme Polymarket, la probabilité de cette hausse est cotée à 98 %.
Pourquoi une décision d’une banque centrale située à Tokyo peut-elle faire chuter le Bitcoin de 5 % en 48 heures ?
Il faut parler d’un phénomène appelé « arbitrage du yen ».
Le raisonnement est simple :
Les taux d’intérêt au Japon étant proches de zéro, voire négatifs, emprunter en yen coûte presque rien. Les hedge funds, gestionnaires d’actifs et traders du monde entier empruntent massivement en yen, le convertissent en dollars, puis achètent des actifs à rendement plus élevé — obligations américaines, actions américaines, crypto-monnaies, peu importe.
Tant que le rendement de ces actifs dépasse le coût de l’emprunt en yen, la différence de taux devient un profit.
Ce stratagème existe depuis des décennies, à une échelle difficile à quantifier précisément. Une estimation prudente parle de plusieurs centaines de milliards de dollars, et si l’on inclut les produits dérivés, certains analystes avancent même plusieurs dizaines de trillions.
Par ailleurs, le Japon a une position particulière :
Il détient la plus grande réserve de dette américaine à l’étranger, avec 1,18 trillion de dollars en bons du Trésor US.
Cela signifie que tout changement dans la circulation des capitaux japonais influence directement le marché obligataire mondial, et par extension, la valorisation de tous les actifs risqués.
Aujourd’hui, la décision de la Banque du Japon d’augmenter ses taux remet en question cette mécanique.
Premièrement, le coût d’emprunt en yen augmente, réduisant l’arbitrage ; deuxièmement, la hausse des taux attendue pourrait faire apprécier le yen, alors que ces institutions ont initialement emprunté en yen pour investir en dollars ;
Maintenant, pour rembourser leurs dettes, elles doivent vendre leurs actifs en dollars pour acheter des yens. Plus le yen monte, plus elles doivent liquider d’actifs.
Ce « forced selling » ne choisit pas le moment ni le type d’actifs. Ce qui est le plus liquide et le plus facile à convertir en cash sera vendu en premier.
Il est donc facile de comprendre que le Bitcoin, qui se négocie 24h/24 sans limite de variation, avec une profondeur de marché plus faible que celle des actions, est souvent le premier à subir la pression de vente.
En regardant la chronologie des hausses de taux de la Banque du Japon ces dernières années, cette hypothèse est confirmée par les données :
La dernière fois, c’était le 31 juillet 2024. Après l’annonce d’une hausse à 0,25 %, le yen a chuté de 160 à moins de 140 contre le dollar, et le Bitcoin est passé de 65 000 dollars à 50 000 dollars en une semaine, soit une baisse d’environ 23 %, effaçant 600 milliards de dollars de capitalisation.
Selon plusieurs analystes on-chain, après trois hausses de taux de la Banque du Japon, le Bitcoin a toujours connu une correction supérieure à 20 %.
Les points précis de début et de fin, ainsi que la fenêtre temporelle, varient, mais la direction est très cohérente :
À chaque resserrement monétaire japonais, le Bitcoin est la zone la plus touchée.
Ainsi, l’auteur pense que ce qui s’est passé le 15 décembre est essentiellement une « fuite en avant » du marché. Avant même l’annonce officielle du 19, les capitaux ont commencé à se retirer.
Ce jour-là, les flux nets sortants des ETF Bitcoin américains ont atteint 3,57 milliards de dollars, le plus gros en deux semaines ; en 24 heures, plus de 6 milliards de dollars de positions longues à effet de levier ont été liquidés.
Il ne s’agit probablement pas d’une panique des petits investisseurs, mais d’une réaction en chaîne de dénouement de positions d’arbitrage.
Le Bitcoin est-il toujours l’or numérique ?
Nous avons expliqué le mécanisme de l’arbitrage du yen plus haut, mais il reste une question sans réponse :
Pourquoi le Bitcoin est-il toujours le premier à être vendu en cas de tension ?
Une explication courante est que le BTC « bénéficie d’une bonne liquidité et se négocie 24h/24 », ce qui est vrai, mais ce n’est pas suffisant.
La vraie raison est que, au cours des deux dernières années, le Bitcoin a été revalorisé : il n’est plus considéré comme un « actif alternatif » indépendant des marchés traditionnels, mais intégré dans la gestion des risques de Wall Street.
En janvier dernier, la SEC américaine a approuvé le premier ETF Bitcoin spot. C’est une étape clé après dix ans d’attente dans l’industrie crypto, permettant à des géants de la gestion d’actifs comme BlackRock ou Fidelity d’intégrer légalement le BTC dans les portefeuilles de leurs clients.
Les flux de capitaux ont effectivement commencé. Mais cela a aussi changé la perception du Bitcoin : ses détenteurs ont évolué.
Autrefois, ce sont des acteurs natifs du secteur crypto, des petits investisseurs ou des family offices plus ou moins radicaux qui achetaient du BTC.
Aujourd’hui, ce sont des fonds de pension, des fonds de couverture et des modèles d’allocation d’actifs. Ces institutions détiennent aussi des actions, des obligations et de l’or, en gérant leur « risque global ».
Lorsque leur portefeuille doit réduire son exposition au risque, ils ne vendent pas uniquement du BTC ou des actions, mais réduisent proportionnellement toutes leurs positions.
Les données montrent cette relation de corrélation.
Au début de 2025, la corrélation sur 30 jours entre le Bitcoin et le Nasdaq 100 a atteint 0,80, son niveau le plus haut depuis 2022. En comparaison, avant 2020, cette corrélation oscillait entre -0,2 et 0,2, ce qui la rendait quasiment insignifiante.
Ce qui est encore plus remarquable, c’est que cette corrélation augmente nettement en période de stress du marché.
En mars 2020, lors du krach lié à la pandémie, en 2022 lors de la hausse agressive des taux par la Fed, ou début 2025 avec les inquiétudes sur les droits de douane… chaque fois que l’aversion au risque monte, la relation entre Bitcoin et actions américaines se resserre.
Les institutions, en période de panique, ne font pas la différence entre « crypto-actifs » et « valeurs technologiques » : elles ne voient qu’un seul label : risque.
Cela soulève une question embarrassante : la narration de l’or numérique tient-elle encore ?
Si l’on regarde sur le long terme, l’or a gagné plus de 60 % depuis 2025, ce qui en fait la meilleure année depuis 1979 ; le Bitcoin, lui, a reculé de plus de 30 % depuis son sommet.
Les deux sont considérés comme des actifs de couverture contre l’inflation et la dépréciation des monnaies, mais dans un même environnement macroéconomique, ils ont évolué en courbes totalement opposées.
Cela ne signifie pas que la valeur à long terme du Bitcoin est en doute, son rendement annuel composé sur cinq ans reste largement supérieur à celui du S&P 500 et du Nasdaq.
Mais dans le contexte actuel, sa logique de valorisation à court terme a changé : c’est un actif à forte volatilité, à forte Beta, et non un outil de couverture.
Comprendre cela permet de saisir pourquoi une hausse de 25 points de base de la Banque du Japon peut faire chuter le Bitcoin de plusieurs milliers de dollars en 48 heures.
Ce n’est pas parce que les investisseurs japonais vendent du BTC, mais parce que, lors d’un resserrement global de la liquidité, les institutions réduisent toutes leurs expositions au risque selon la même logique, et le Bitcoin, étant la composante la plus volatile et la plus liquide de cette chaîne, en subit l’impact.
Que va-t-il se passer le 19 décembre ?
Au moment où j’écris ces lignes, il reste deux jours avant la réunion de la Banque du Japon.
Le marché a déjà intégré la hausse de taux comme un fait acquis. Le rendement des obligations japonaises à 10 ans est monté à 1,95 %, son plus haut depuis 18 ans. En d’autres termes, le marché obligataire a déjà anticipé le resserrement.
Si la hausse est pleinement intégrée, y aura-t-il encore un impact le 19 ?
L’expérience montre que oui, mais l’intensité dépendra du ton employé.
L’impact d’une décision de la banque centrale ne se limite jamais aux chiffres, mais aussi aux signaux qu’elle envoie. Même hausse de 25 points de base, si le gouverneur Ueda de la BoJ dit lors de la conférence de presse « qu’il évaluera prudemment en fonction des données », le marché respirera.
Mais si elle indique que « la pression inflationniste persiste, et qu’une nouvelle hausse n’est pas exclue », cela pourrait déclencher une nouvelle vague de ventes.
L’inflation au Japon tourne autour de 3 %, au-dessus de l’objectif de 2 % de la BoJ. Le marché craint que cette hausse ne soit qu’un début, et que le pays ne s’engage dans un cycle de resserrement prolongé.
Si c’est le cas, la rupture de l’arbitrage du yen ne sera pas un événement ponctuel, mais un processus qui durera plusieurs mois.
Cependant, certains analystes pensent que cette fois pourrait être différente.
Premièrement, les fonds spéculatifs ont déjà changé leur position sur le yen, passant d’une position nette vendeuse à une position nette acheteuse. La chute brutale de juillet 2024 a été en partie due à une réaction de panique, car beaucoup de capitaux étaient encore en position short sur le yen. Aujourd’hui, la tendance est inversée, et la possibilité d’une appréciation inattendue est limitée.
Deuxièmement, les rendements des obligations japonaises ont augmenté depuis plus de six mois, passant de 1,1 % au début de l’année à près de 2 % aujourd’hui. En quelque sorte, le marché a déjà « augmenté ses taux » lui-même, la BoJ ne faisant que reconnaître cette réalité.
Troisièmement, la Fed a récemment réduit ses taux de 25 points de base, et la tendance globale de la liquidité mondiale reste à l’assouplissement. La politique japonaise, en revanche, se resserre, mais si la liquidité en dollars est suffisante, cela pourrait en partie compenser la pression sur le yen.
Ces facteurs ne garantissent pas que le Bitcoin ne chutera pas, mais ils suggèrent que la chute pourrait être moins violente qu’auparavant.
D’après l’historique des hausses de taux de la BoJ, le Bitcoin touche généralement son point bas une à deux semaines après la décision, puis se stabilise ou rebondit. Si cette règle se vérifie, la fin décembre ou début janvier pourrait être la période la plus volatile, mais aussi une opportunité de repositionnement après une correction excessive.
Que va-t-il se passer le 19 décembre ?
En rédigeant cet article, il reste deux jours avant la réunion de la Banque du Japon.
Le marché a déjà intégré la hausse de taux comme un fait accompli. Le rendement des obligations japonaises à 10 ans a atteint 1,95 %, son plus haut depuis 18 ans. En d’autres termes, le marché obligataire a déjà anticipé le resserrement.
Si la hausse est pleinement anticipée, y aura-t-il encore un choc le 19 ?
L’expérience montre que oui, mais l’intensité dépendra du ton employé.
L’impact d’une décision de la banque centrale ne se limite jamais aux chiffres, mais aussi aux signaux qu’elle envoie. Même hausse de 25 points de base, si le gouverneur Ueda de la BoJ dit lors de la conférence de presse « qu’il évaluera prudemment en fonction des données », le marché respirera.
Mais si elle indique que « la pression inflationniste persiste, et qu’une nouvelle hausse n’est pas exclue », cela pourrait déclencher une nouvelle vague de ventes.
L’inflation au Japon tourne autour de 3 %, au-dessus de l’objectif de 2 % de la BoJ. Le marché craint que cette hausse ne soit qu’un début, et que le pays ne s’engage dans un cycle de resserrement prolongé.
Si c’est le cas, la rupture de l’arbitrage du yen ne sera pas un événement ponctuel, mais un processus qui durera plusieurs mois.
Cependant, certains analystes pensent que cette fois pourrait être différente.
Premièrement, les fonds spéculatifs ont déjà changé leur position sur le yen, passant d’une position nette vendeuse à une position nette acheteuse. La chute brutale de juillet 2024 a été en partie due à une réaction de panique, car beaucoup de capitaux étaient encore en position short sur le yen. Aujourd’hui, la tendance est inversée, et la possibilité d’une appréciation inattendue est limitée.
Deuxièmement, les rendements des obligations japonaises ont augmenté depuis plus de six mois, passant de 1,1 % au début de l’année à près de 2 % aujourd’hui. En quelque sorte, le marché a déjà « augmenté ses taux » lui-même, la BoJ ne faisant que reconnaître cette réalité.
Troisièmement, la Fed a récemment réduit ses taux de 25 points de base, et la tendance globale de la liquidité mondiale reste à l’assouplissement. La politique japonaise, en revanche, se resserre, mais si la liquidité en dollars est suffisante, cela pourrait en partie compenser la pression sur le yen.
Ces facteurs ne garantissent pas que le Bitcoin ne chutera pas, mais ils suggèrent que la chute pourrait être moins violente qu’auparavant.
D’après l’historique des hausses de taux de la BoJ, le Bitcoin touche généralement son point bas une à deux semaines après la décision, puis se stabilise ou rebondit. Si cette règle se vérifie, la fin décembre ou début janvier pourrait être la période la plus volatile, mais aussi une opportunité de repositionnement après une correction excessive.
(Le contenu ci-dessus est une extraction et une republication autorisées en partenariat avec PANews, lien original | Source : Deep潮 TechFlow)
Avertissement : Cet article a pour seul but de fournir des informations de marché. Tout contenu et toute opinion sont donnés à titre indicatif, ne constituent pas une recommandation d’investissement, et ne reflètent pas la position ou l’avis de Zone. Les investisseurs doivent prendre leurs propres décisions et assumer les risques liés à leurs transactions. L’auteur et Zone ne seront responsables d’aucune perte directe ou indirecte résultant de ces décisions.
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